Il fait un temps splendide. Plein soleil pour le départ d’Aiglun où Bilkis de Saba à séjourné 15 jours chez Sonia et Eric.
Oui en fait Bilkis de Saba est le vrai nom de mon ânesse mais devant la difficulté à prononcer son nom et à être compris, au bout d’un mois à partir de Crest dans la Drôme je lui donnerais le surnom de Bibi. Nous sommes le lundi 3 Avril, les amis libres ce jour là m’accompagnent pour le départ. Bibi est un peu réticente aujourd’hui, chargée comme un mulet elle sent bien que quelque chose n’est pas comme d’habitude. Elle commençait à se plaire ici.
Heureusement Gilles qui m’accompagne pour ce premier jour et qui a quelque expérience des ânes me sera bien utile.
L’étape est courte comme le seront la plupart des étapes du parcours. Je n’ai pas prévu de faire une course mais un périple à travers la France qui durera 6 mois et mon objectif est d’abord de profiter du parcours, de la beauté du paysage et des rencontres que nous ferons sur ce chemin. L’idée est donc de marcher 3 à 4 heures seulement par jour, d’installer le bivouac et d’être ouvert à l’imprévu. Mais tout d’abord, il faut que Bibi et moi nous accordions. Il nous faudra bien une à deux semaines. Bibi découvre la montagne, moi aussi, et elle n’était pas préparée à monter aussi longtemps avec une charge de 50 kgs sur son dos.Elle a plusieurs fois tenté de rebrousser chemin dans les montées quand elle s’apercevait qu’en faisant demi tour, c’était quand même moins fatiguant de descendre. Mais où serait-elle allée, n’ayant aucune idée d’où elle était et cela nous a valu une belle petite frayeur qu’en elle a eu l’idée de descendre un ravin et s’est retrouvée couchée dans la pente avec son barda accroché dans les arbres. Le périple aurait pu s’arrêter là, mais heureusement rien de cassé ni pour Bibi, ni pour le matériel.
L’objectif du voyage est d’être arrivé à Vitré, là où je réside pour début Octobre en passant voir des amis sur le trajet.Ce qui nous fera faire des zig zags passant par les Hautes Alpes puis la Drôme, l’Ardèche, le Gard en descendant pratiquement à Nîmes puis traverser la Lozère, prendre le chemin de Stevenson à l’envers de Saint Jean du Gard à Florac et filer sur Mende pour traverser la Margeride, passer Le Puy puis se diriger vers St Etienne pour revenir vers le Centre de la France par Gannat, Montluçon pour rejoindre la Loire en passant par Chinon, Saumur , passer au sud de Tours et filer en direction Ancenis pour finalement aller vers la Mayenne puis retrouver l’Ille et Vilaine et Vitré le 9 Octobre 2023.
Tout commence pour Bibi et moi avec la traversée des Alpes de Haute Provence et bien sûr de la montagne. Nous profiterons d’un beau temps sec pour les premières semaines. C’est à dire que nous sommes au printemps avec des températures de 20 degrés dans la journée sous un soleil radieux mais des nuits glacées. Nous arriverons à Sisteron pour le marché du Samedi matin où je referais nos provisions. Puis nous trouverons un bivouac près de la rivière le Jabron sur le terrain de Fred et Martine qui suivent aujourd’hui encore nos aventures. Chez eux, Bibi me causera sa seconde frayeur.
Ces premières journées sont aussi le moment de vérifier si on a fait les bons choix de matériel et d’alléger au maximum la charge de Bibi en enlevant ce dont nous n’avons pas besoin. Finalement le siège conseillé par ma sœur, on peut très bien s’en passer, on a toujours des endroits pour s’asseoir.Exit. La clôture électrique à pile et les piquets ne seront pas utiles. Je me contenterais de garder le fil pour faire un enclos. Exit. Le petit panneau solaire pour le téléphone s’avère inefficace, je n’ai pas choisi le bon modèle. Exit aussi. De toute manière pour recharger les téléphones on a d’autre pistes. Dans les églises, il se trouve qu’il y a bien souvent des prises de courant qui fonctionnent. Je vous ai dit que j’avais emmené mon tuba pour jouer dans les chapelles ou les églises. Voici donc le premier morceau que j’ai pu jouer dans l’église ouverte du petit village de Trescléoux.. Je rechargerais également mon téléphone dans les campings ou dans les restaurants ou les cafés où je m’arrête de temps en temps et aussi chez les gens qui m’accueilleront sur leur terrain et comme je transporte en plus une petite batterie de recharge je n’aurais aucun problème d’alimentation électrique. Mon téléphone étant quand même d’une importance capitale. En effet il permet non seulement de téléphoner mais aussi de suivre le parcours sur l’application dédiée, de prendre les photos et les vidéos et bien sur d’avoir l’heure. C’est le véritable couteau suisse du randonneur. Mais comment diable faisaient-ils avant ? quand je pense à Brigitte Blot ou Jacques Clouteau pour ne citer qu’eux qui devaient transporter des kilos de cartes, sans parler des précurseurs comme Stevenson !!
On continue Bibi et moi à s’apprivoiser, je m’aperçois vite que c’est quand même une chipie car dès qu’elle peut me voler un pain elle n’hésite pas. Je crois bien qu’elle m’en a chipé 2 dans cette première semaine évidemment des bons pains bio aux graines achetés sur les marchés. Il me faudra toujours mettre le pain à bonne distance de son nez. Ces animaux ont un flair incroyable. Finalement on les traite souvent de « grandes oreilles » en pensant que c’est leur sens principal, certes il peuvent entendre à 3 kilomètres à la ronde avec leurs oreilles mobiles. mais leur sens le plus développé est l’odorat par un phénomène que l’on nomme le Flehmen, la capacité à analyser une bulle d’air……..ils peuvent sentir des phéromones à 15 kilomètres !!!!
Cette première semaine nous fera arriver chez mon amie Sophie ex-randonneuse à cheval chez qui je pourrais déposer un peu de matériel et prendre un jour de repos bien mérité. En effet, j’ai prévu une journée de repos par semaine même si nous ne marchons que 3 à 4 heures par jour. Mais des fois n’ayant aucune halte possible sur certains sentiers de montagne il nous faudra marcher 6 heures dans la journée auquel cas nous prenons aussi un jour de repos ce que nous ferons en partant du petit village de Baret sur Méouges vers Orpierre . Mais avant Baret en partant de chez Sophie nous avons monté le bivouac à Eourres sous une averse de neige. Eourres une étape étonnante dans un petit village de montagne où j’arriverai le jour du cinéma dans la bibiothèque où je verrais un film sur le Chili « la Cordillière des Songes de Patricio Guzman » . N’ayant pas pris mon tuba pour visiter le village, j’en ai profité pour chanter dans la petite église.
Cette deuxième semaine nous aura quand même fait grimper jusqu’à 1600 mètres. Et avec des vues à couper le souffle. Ce sont beaucoup d’efforts pour Bibi qui doit faire souvent des pauses. Elle s’arrête aussi des fois pour admirer le paysage me ramenant brutalement à la réalité. Je suis là aussi pour admirer. Ce qu’il m’arrive parfois d’oublier pendant ces efforts intenses et quelquefois dangereux avec la charge de veiller sur elle. Etonnante Bibi ! Qui ne mettra aucune difficulté à passer le col de Beynaves avec un vent terrible : l’effet « Venturi », le vent qui s’engouffre dans ces passages de col.
Les prochaines étapes seront moins difficiles une fois passée la ville de Die dans la Drôme quand nous nous dirigerons vers Crest.

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